Aspiration à l'aiguille fine
Techniques de prélèvement
Les aspirations à l'aiguille fine (AF) sont utilisées pour obtenir des tissus ou liquides provenant de presque toutes les régions du corps, avec des risques minimaux.
Tissus solides :
Dans la plupart des cas, cette technique peut se faire sans anesthésie. S'il y a un doute quelconque quant à la capacité de l'animal à rester immobile lorsqu'un organe profond doit être prélevé, il faut le placer sous anesthésie générale.
Contre-indications :
Toute coagulopathie, tout abcès ou tumeur qui peut se rompre, se répandre et contaminer une cavité corporelle sont des contre-indications de l'aspiration à AF.

Matériel :
Utiliser une seringue à piston avec embout en caoutchouc de 5 ou 10 ml, une aiguille 25G (orange) ou 22G (bleue) voire 20G ayant une longueur suffisante pour pénétrer dans la zone tissulaire lésée et des lames matées, dégraissées et rodées de microscope.
Technique:
- Repérer et immobiliser la masse devant être ponctionnée.
- Désinfecter chirurgicalement la peau.
- L'aiguille est montée sur une seringue dont le piston est enfoncé. Après avoir inséré l'aiguille dans le tissu cible, le piston est retiré jusqu'au repère de 5-6 ml. Si la lésion est fibreuse, un vide plus important sera nécessaire pour augmenter la richesse cellulaire ; si la lésion est vascularisée, un vide inférieur permettra de réduire la quantité de sang aspiré. L'aiguille est alors retirée partiellement plusieurs fois en passant par le même poids d'entrée. Cette modification de direction de l'aiguille pour décrire un éventail ou un cône permet d'augmentation la richesse cellulaire et le volume lésionnel prélevé. Cette modification de direction ne doit se faire que lorsque l'aiguille est retirée au maximum ; dans le cas contraire, elle produit une lacération tissulaire et une aspiration plus importante de sang.
- L'aspiration doit s'arrêter lorsque du sang ou du tissu sont observés dans l'embout de l'aiguille et le vide est alors relaché avant de retirer l'aiguille du tissu.
- L'aiguille est retirée du tissu lésionnel puis la seringue est enlevée.
- De l'air est aspirée dans la seringue avant de remettre l'aiguille en place. Puis le piston est enfoncé pour éjecter une petite goutte de matériel sur la surface de lames de verre propres.
Artéfacts:
- Des mouvements brutaux provoquent une lacération tissulaire excessive surtout lorsque l'extrémité de l'aiguille est enfoncée. L'augmentation des saignements et la libération de thromboplastine activent la coagulation et les enzymes protéolytiques et provoquent la perte des détails cellulaires.
- Il faut maintenir un vide constant pendant l'aspiration des cellules et ne pas effectuer un "pompage".
- Les cellules aspirées qui pénètrent dans la seringue ne peuvent pas être examinées parce qu'elles seront écrasées lors de leur transfert sur la lame.
Paracentèse abdominale et thoracocentèse :
Le recueil des liquides cavitaires nécessite des techniques aseptiques.
Pour l'abdominocentèse
Insérer l'aiguille de gros diamètre 1 à 2 cm derrière l'ombilic sur la ligne blanche ventrale.
Pour la thoracocentèse,
La localisation radiographique du liquide détermine le site d'aspiration. Lors d'épanchement généralisé, on peut insérer l'aiguille ventralement entre le 7ème et le 8ème espace intercostal en longeant le bord antérieur de la côte pour éviter de lacérer les gros vaisseaux situés à la face postérieure des côtes.
Prélever le liquide dans un tube EDTA et un tube sec en vue d'une bactériologie.
Références:
- Atlas de Cytologie Canine et Féline, par R. Baker et R. Lumsden. Traduit de l'anglais par F. Le Suer- Almosni. 2001, 288 pages. Editions Masson.
- Manuel Pratique de Cancérologie Vétérinaire, par G.K. Ogilvie et A. Moore. Traduit de l'anglais par F. Le Suer-Almosni. 1997, 558 pages. Editions Masson.
- L'indispensable de Dermatologie Canine et Féline. 2009, 352 pages, 2ème édition Med'com.
- Diagnostic Cytology and Hematology of the Dog and Cat. R.L Cowell, R.D. Tyler, J.H. Meinkoth and D.B. DeNicola. 2008, 475 p, Third Edition Elsevier.